« L’ensemble de la fonction RH est confronté à une déferlante de technologies. Un phénomène qui à la fois la fascine et l’inquiète », commence Patrick Storhaye, président de Flexity et animateur des débats. Et pour cause… « Quand un usage commence à devenir massif, c’est aux règles de s’adapter », reprend l’animateur. Voilà tout l’enjeu pour la profession au cours des prochaines années. Patrick Storhaye dresse ainsi la liste des phénomènes liés aux nouvelles technologies et qui vont impacter les RH et, plus largement, l’entreprise. On retrouve ainsi les médias sociaux « qui ont démocratisé la parole ; les consommateurs d’information en sont devenus les producteurs, on parle de consom’acteurs », explique-t-il. Le big data apporte sont lot de données en masse, encore peu exploitées par les RH, le Bring your on device (BYOD) renforce la porosité des frontières de l’entreprise… « Il y a ainsi deux invariants avec les technologies d’information et de la communication : la démocratisation de la parole et l’ouverture de l’entreprise qui ne peut plus être conçue en vase clos », analyse le spécialiste. Les RH et toute l’entreprise doivent donc s’adapter. Et, si les technologies ont un rôle à jouer dans cet accompagnement du changement, « ce sera à condition de ne pas les subir, ni de tout miser dessus », ajoute-t-il.
Recherche de valeur
« Le service RH reste le moins équipé en technologies », estime Santiago Lecomte, directeur business line SaaS chez Meta4 France. En face, tous les collaborateurs sont en attente d’usages numériques. « Et pas uniquement la génération Y », note Santiago Lecomte. Celui-ci explique ainsi qu’après l’attribution d’une première génération d’outils nomades à la hiérarchie, les politiques ont changé : « L’entreprise raisonne maintenant autour de la recherche de valeur, et il n’est pas rare de voir tous les commerciaux avec une tablette pour remonter les informations à destination du SIRH (plannings, horaires réalisés, etc.). » Des SIRH qui ne fonctionnent plus en silo, selon lui, et dans lesquels même pour un processus simple, une multitude d’acteurs entre en jeu. Au centre, le chef d’orchestre, le DRH, qui devient le lien, le moteur.
Pour l’expert de chez Meta 4, la vraie révolution dans l’utilisation du cloud réside dans le recrutement. Il explique : « Depuis que les réseaux sociaux professionnels sont entrés sur le marché du recrutement, il est possible d’attaquer le sourcing à la source, sur des bases de données, plutôt que de poster des annonces et d’attendre le retour des candidats. »
Tout s’accélère
Pour Valérie Andrade, directeur marketing et communication chez ADP, « les technologies, ce n’est pas quelque chose de nouveau pour les entreprises qui ont connu l’avènement de l’ordinateur et l’informatisation des RH, sans oublier les investissements dans la dématérialisation depuis 30 ans ». Selon elle, « ce qui change, c’est la vitesse, tout s’accélère ; de grandes phases avec une évolution majeure, nous sommes passés à des évolutions permanentes sur des phases multiples ».
De son côté Charles-Henry Duroyon, vice-président HR services chez Atos International, se demande si le grand changement dans la fonction RH, ce n’est pas la fonction elle-même. De là à voir l’émergence de nouveaux métiers dans la profession, à l’image du data scientist, il n’y a qu’un pas… Son rôle ? Aider l’entreprise à disposer de données fiables et les faire parler entre elles, sur les compétences par exemple. Le big data constitue un énorme réservoir de données pour les entreprises. Un réservoir encore trop peu exploité. « Tous les éditeurs bougent sur le sujet. Beaucoup de SIRH gèrent encore mal l’historisation des données. Les entreprises ont besoin de données fiables et de pouvoir les attaquer de façon simple », commente Santiago Lecomte.
Une histoire qui commence
« Les technologies de l’information et de la communication vont jouer un rôle majeur dans l’accompagnement du changement, estime Valérie Andrade. Le service RH aussi va se transformer ; il va devoir aider l’entreprise à mieux coopérer. » Il devra créé et animer des communautés selon la spécialiste, en faisant appel aux compétences du marketing, de la communication, de l’IT. Sur la question du BYOD et de la porosité des frontières de l’entreprise, les RH devront encadrer les usages. « On écrit des chartes informatiques, on recueille des bonnes pratiques sur les usages numériques, on en est au tout début, affirme Véronique Montamat, directeur conseil et marketing de l’offre RH chez Sopra Group. Il faut éduquer et encadrer les usages, en particulier auprès des jeunes générations sur la sécurisation et la confidentialité des données. » Autant de phénomènes qui s’imposent aux DRH et qui appellent à une transformation. « Une transformation qui ne se fera pas qu’avec les RH. La communication, la direction générale et les autres services devront aussi y être associés », conclut Charles-Henry Duroyon.
Voir l'article sur FocusRH : http://www.focusrh.com/carriere-rh/emploi-remuneration/a-la-une/les-grandes-transformations-de-la-fonction-rh.html